Les contrats de travail atypiques sont-ils réservés aux nouveaux entrants ? Réflexions sur les pratiques en vigueur dans la presse française.

L'élaboration d'un journal est le fruit de la collaboration de plusieurs individus. Le travail se divise ainsi entre les rédacteurs en chef, les secrétaires de rédactions, les graphistes, les journalistes. Mais également, et c'est ce qui fera l'objet de cette présentation, entre les journalistes eux-mêmes.En effet, pour une même profession, deux types de journalistes professionnels existent. D'un côté les journalistes permanents et salariés, titulaires d'un contrat de travail « classique », à durée indéterminée. De l'autre, les journalistes pigistes, rémunérés à l'article . Le marché du travail des journalistes se trouve donc segmenté en deux groupes, avec d'un côté des travailleurs stables et de l'autre, des travailleurs occasionnels détenteurs d'un contrat atypique. Ces derniers expérimentent de fait la discontinuité de la relation de travail et par là même, des revenus. Il est alors essentiel de chercher à comprendre quels sont les critères qui peuvent expliquer une telle segmentation entre ces deux types de travailleurs ? On pourra également se demander s'il est envisageable de passer d'un segment à l'autre du marché du travail. L'objet de ce papier est donc de s'interroger sur les déterminants du recours aux pigistes, afin de comprendre si le système de pige est ou non exclusivement réservé aux nouveaux entrants dans la profession ? Souvent perçu comme un passage obligatoire avant d'envisager une intégration définitive au sein de l'organe de presse, il sera démontré que la pige n'est plus uniquement le lot du débutant. L'étude se base sur une enquête réalisée entre 1990 et 2000 sur les parcours et profils des journalistes français, mais également sur des entretiens réalisés auprès d'une quarantaine de pigistes français, entre 2005 et 2007.