Analyse des processus d'intégration-désintégration verticales
Nombre d'études semblent révéler la tendance récente au recentrage des firmes sur leur cœur de métier, et notamment au recours croissant aux stratégies de désintégration verticale (externalisation d'une activité en amont ou en aval de son activité principale). Dans le même temps pourtant, la fréquence des opérations de rapprochement vertical reste élevée. L'objet de cette thèse est de tenter d'identifier les déterminants de ces évolutions de la structure verticale des firmes et des industries. Pour ce faire, ce travail se place dans une double perspective théorique et empirique. Les modélisations microéconomiques de l'équilibre vertical proposées se distinguent des approches existantes (théories néo-institutionnelles et modélisations en concurrence imparfaite) par la prise en compte explicite des fondements des stratégies de désintégration verticale: la décision d'intégration ou de désintégration verticale repose dès lors sur l'arbitrage entre économies de division inter-firmes du travail et coûts d'utilisation du marché (coûts de transaction essentiellement). L'appréhension dynamique de la division du travail permet notamment de montrer que les processus d'intégration-désintégration verticale sont liés au cycle de vie de l'industrie considérée (Stigler, 19511). L'étude empirique (économétrie et analyse des données) est quant à elle fondée sur l'analyse des décisions stratégiques de 200 dirigeants de grandes entreprises de production industrielle (résidant en France) interrogés sur la question. Elle permet tout d'abord de préciser ce qui motive ces dirigeants d'entreprise lorsqu'ils mettent en œuvre des stratégies de rapprochement vertical ou au contraire de désintégration verticale. Elle permet ensuite de confirmer les prévisions théoriques de cette thèse concernant les déterminants de l'adoption de stratégies verticales : il apparaît que la stratégie verticale des répondants est liée à la phase du cycle de vie de l'industrie, de même qu'au degré de spécificité des technologies impliquées, déterminant connu du niveau des coûts de transaction inter-firmes.