Changements organisationnels et évolution du vécu au travail : une comparaison entre secteur privé et fonction publique d'Etat
Au moyen du dispositif d'enquêtes couplées COI, nous avons analysé les effets des changements organisationnels dans le secteur privé et la fonction publique d'Etat, sur des indicateurs d'intensification du travail, d'évolution des compétences et de variation de l'implication des salariés. Les changements organisationnels sont plus intenses dans la fonction publique d'Etat que dans le secteur privé, confirmant l'importance des modifications de l'environnement de travail des fonctionnaires dans un contexte de modernisation de l'Etat. Pourtant, ces réformes ne se sont pas traduites en moyenne par une intensification du travail sous la forme d'un accroissement des contraintes de rythme ou de pointes d'activité plus fréquentes. Dans le secteur privé, les changements ont été en moyenne moins soutenus et s'ils ne sont pas associés de façon significative aux variations de l'intensité du travail, ils apparaissent liés à un enrichissement du travail qui ne conduit pas pour autant à l'accumulation de compétences nouvelles. Ce sont dans les domaines plus subjectifs de l'implication et de la reconnaissance au travail que les oppositions entre secteur privé et fonction publique d'Etat sont les plus fortes. Les agents de l'Etat expriment une insatisfaction face aux changements qui se traduit par une baisse de l'implication au travail alors que dans le secteur privé les changements organisationnels engendrent une hausse de l'implication pour autant que leur intensité n'atteigne pas un niveau très élevé. Par ailleurs, les salariés du secteur privé déclarent un sentiment de reconnaissance au travail qui décroît à mesure qu'augmente le recours aux outils informatiques et l'équilibre entre leurs investissements dans le travail et les bénéfices obtenus se détériorent si les changements gestionnaires atteignent un niveau élevé. Cet effet est toutefois affaibli par la présence conjointe de changements dans les deux domaines, au contraire du secteur public où celle-ci renforce la perception d'un déséquilibre de la balance investissement-bénéfices. Nous testons le caractère modérateur de trois formes de participation des salariés aux changements : la consultation sur les changements, la présence de délégués syndicaux et l'existence d'espaces collectifs d'échanges informels. Il ressort de notre analyse que la processus du changement apparaît plus vertueux dans le secteur privé que dans la fonction publique d'Etat.