Offre de travail des mères françaises : l'effet d'une variation exogène du nombre d'enfants
Entre 1962 et 2005, alors que le taux d'activité des hommes français diminuait, le taux d'activité des femmes françaises augmentait de 45,8% à 63,8%. Néanmoins, le taux d'activité des femmes reste corrélé avec le nombre d'enfants : plus elles ont un grand nombre d'enfants, plus leur taux d'activité est faible. Dans quelle mesure l'arrivée d'un enfant supplémentaire réduit-elle la participation des mères au marché du travail ? La relation entre fécondité et activité est complexe car les décisions de fécondité et d'activité ont des déterminants communs, et ces décisions s'influencent mutuellement. Difficile donc de dire à priori si le choix de travailler ou non est la cause ou la conséquence de la décision d'avoir un certain nombre d'enfants. Comme Angrist et Evans (1998), nous utilisons une source de variation exogène et aléatoire de la fécondité afin de mesurer l'effet causal de la fécondité sur l'offre de travail des mères françaises. Comme aux Etats-Unis, nous constatons que les parents qui ont deux aînés de même sexe ont une probabilité plus grande d'avoir un troisième enfant que les autres, et que dans ce cas, l'activité des mères est réduite. Dans la mesure où le sexe des deux aînés est aléatoire et qu'il n'a pas d'impact sur l'activité des mères autrement que par son effet sur la probabilité d'avoir un troisième enfant, nous estimons par variable instrumentale l'influence causale d'avoir plus de deux enfants sur l'activité des mères. Nous trouvons qu'avoir plus de deux enfants diminue significativement la probabilité d'activité des mères et le nombre d'heures travaillées par semaine. Ces résultats sont confirmés lorsque l'on utilise le fait d'avoir eu des jumeaux en deuxième naissance comme choc exogène de fécondité. Enfin, nous trouvons qu'avoir plus de deux enfants affecte en particulier l'offre de travail des mères moins diplômées mais n'a aucun effet sur l'offre de travail des pères.