Peut-on travailler sur des données approximées en histoire financière?
Au XIX e siècle, les journaux publient, jour après jour, le cours des rentes, puis dans la seconde moitié du siècle, de certaines actions remarquables à différents égards (Banque de France, certains chemins de fer, canal de Suez, etc.). A la fin de chaque année, on prend l’habitude d’indiquer à l’épargnant le parcours de ces titres et pour cela de publier le cours le plus haut et le cours le plus bas pour chaque mois de l’année écoulée (Almanach financier, annuel). De tels récapitulatifs sont aussi publiés par les grands auteurs financiers de l’époque, tel Courtois (1855, 1856, 1859, 1861, 1863, 1874, 1877, 1879, 1883) ou Birieux (1857). Celui qui étudie ces publications aujourd’hui ne peut manquer de ressentir une douloureuse interrogation : quelle est la pertinence de ces observations ? En effet, nous sommes en présence de trois problèmes méthodologiques qui, à première vue, rendent inutilisables ces séries : D’abord il s’agit des cours extrêmes, qui incorporent, par leur nature même, toutes les “aberrations” qui se sont produites durant le mois. Fonder une connaissance sur des valeurs qui ne prennent en compte que les éléments exceptionnels et qui ne traduisent que très imparfaitement l’évolution de base d’une série paraît absurde; De plus, ces cours sont indiqués avec une imprécision essentielle : on ne connaît pas les dates de leur relevé; Accessoirement, les cours extrêmes ainsi observés incluent dans le cas des obligations le coupon couru; comme on ne connaît pas la date du relevé du cours extrême, il est impossible de calculer cet élément d’accumulation afin d’obtenir la donnée pertinente : le cours “ nu ” ou cours pied-de-coupon. Quatre fois par an, le même phénomène se produit dans le cas des rentes françaises (une ou deux fois par an dans le cas des actions) : le cours le plus bas du mois de distribution risque d’être tout simplement le cours ex-coupon pour les obligations ou bien, dans le cas des actions, un cours ex-dividende ou encore un cours après une opération en capital. Inversement ces observations présentent un grand avantage : elles sont publiées et assez facilement accessibles; elles évitent le dépouillement fastidieux de la Cote Officielle. La question qui se pose alors est la suivante : ces observations « approximées » peuvent-elles servir à étudier le réel au XIX e siècle ou doit-on se mettre à dépouiller systématiquement les archives afin de relever les cours ?
Year of publication: |
2005
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Authors: | Haudeville, Bernard ; Rietsch, Christian |
Institutions: | Centre d'Études et de Recherche en Gestion (CERGAM), Institut d'Administration des Entreprises (IAE) |
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