Pourquoi réformer la politique d'accueil de la petite enfance en France ? Comparaison avec les politiques d'autres pays de l'OCDE.
La France est souvent prise comme exemple par ses partenaires de l'OCDE pour la réussite de sa politique en faveur des familles. Son taux de fécondité élevé, combiné à un taux d'emploi des femmes supérieur à la moyenne et une proportion relativement faible d'enfants touchés par la pauvreté sont les marqueurs principaux de cette réussite. Celle-ci tient au moins en partie à l'important investissement réalisé sous formes de prestations financières, d'aides fiscales et de services d'accueil à destination de la petite enfance. Toutefois, le développement des services d'accueil ne semble pas suffisamment important face au regain du nombre de naissances observé depuis quelques années et face à la baisse de taux de scolarisation des enfants avant trois ans. De plus, l'aide accordée en cas d'interruption d'activité aux mères de deux enfants ou plus pendant trois ans est l'une des raisons d'un taux d'emploi des mères de trois enfants plus faible en France qu'en moyenne dans l'OCDE. Le système fiscal qui, contrairement à la plupart des autres pays, avantage les ménages avec un seul apporteur de revenu, ne favorise pas non plus la participation à l'emploi des mères de familles. Le manque de services d'accueil semble constituer cependant une contrainte plus déterminante. Cet article discute alors les avantages associés à une expansion des services d'accueil de la petite enfance accompagné par la mise en place d'un congé plus court mais mieux rémunéré que dans le cas présent : un bénéfice en termes de conciliation entre travail et vie familiale, d'égalité entre hommes et femmes, et de protection des familles face à la pauvreté en sont d'abord attendus. Le développement des enfants pourrait aussi en bénéficier, mais le bénéfice dépend de la qualité des services créés. L'effet sur la fécondité serait, quant à lui, vraisemblablement limité. Enfin, le " coût " d'une expansion des services d'accueil permettant de couvrir l'ensemble des enfants concernés est évalué à un montant représentant environ 0.5% du PIB, montant qui n'est sans doute pas très différent du supplément de richesse produite qui pourrait en être induit. L'investissement total pour l'accueil de la petite enfance pourrait ainsi passer de 1,3 à 1.8% de la richesse nationale.