French Abstract: Le Canada, on le sait, est un pays de ressources naturelles aussi vaste que faiblement peuplé. C’est aussi une fédération de provinces et de territoires asymétriques, tant sur le plan des ressources que de la population. Ceci explique les frontières très poreuses entre les compétences fédérale et provinciales en matière de sécurité et de protection sociale. Une telle porosité peut être qualifiée de nécessaire. Enfin, le Canada a un très gros voisin, les États-Unis, avec lequel il est profondément engagé en matière de libre-échange économique. Voici qui soulève des enjeux constants de compétitivité et de productivité. Au Canada, la sécurité sociale s’est développée tardivement au gré de l’industrialisation et de l’urbanisation du pays et ce, en fonction de trois piliers : les programmes universels, les programmes assurantiels et enfin, encore plus récemment, soit vers les années ’60, les programmes de dernier recours fondés sur des conditions de ressources. Sans doute, le plus proche comparateur de l’histoire de la sécurité sociale au Canada est-il l’Australie. Ce n’est pas un hasard si le Canada et l’Australie appartiennent tous deux au Commonwealth. La flexibilité et la polyvalence des approches de la sécurité sociale au Canada a facilité sa transformation contemporaine rapide. Ainsi, c’est en douceur, presqu’en sourdine, que le régime canadien de sécurité sociale actuel s’est ajusté aux exigences non seulement du néolibéralisme mais en sus, à celui d’un marché du travail précaire et éclaté. Les ménages pauvres d’aujourd’hui, ou du moins, ceux qui sont pris en compte par les récentes mesures de protection sociale, sont des ménages de travailleurs et non plus des ménages identifiés en fonction de leur indigence, voire de leur déconnection au marché du travail. C’est-ce que ce texte tente d’illustrer en quatre temps : (1) celui de la désorganisation (1867-1945); celui de la construction (1945-1970); celui de l’Austérité et du contrôle social des plus démunis (1970-2000); et enfin, celui du virage fiscal de la protection sociale. Ce dernier temps pour permettra de nous tourner vers l’avenir de la protection et de la sécurité sociale au Canada. Nous regrettons de ne pouvoir accorder dans ce texte l’importance qu’appellent les marqueurs discriminatoires de la sécurité sociale canadienne. Par exemple, le cas des membres des Premières Nations et celui de certaines populations ayant récemment immigré au Canada est digne d’une attention particulière que nous ne pouvons ici proposer
