French Abstract: Malgré son mépris notoire pour les statistiques et la vérification empirique, Léon Walras se trouve être, dans les années 1930, le héros de la Société d’Econométrie. Ainsi, en 1931, en hommage à Walras, la première conférence européenne de l’Econometric Society se tient à l’Université de Lausanne où Walras avait occupé la chaire d’économie politique à la Faculté de Droit. S’y retrouvent notamment Ragnar Frisch (maître des cérémonies), Jacob Marschak, René Roy, Piero Sraffa et Jan Tinbergen –Joseph A. Schumpeter n’ayant pu faire le déplacement. Lors de cette conférence, le souhait est émis que ce soit le bureau de l’Econometric Society qui organise la célébration du centenaire de la naissance de Walras, en 1934. Sans doute est-ce là l’ironie de l’Histoire que ceux dont l’épistémologie, loin de relever les ‘utopies positives’ de Walras, y voit le premier des économètres, c’est-à-dire le père d’une économie mathématique néopositiviste. Nous examinons comment parmi les fondateurs de l'Econometric Society et ses premiers contributeurs, trois d'entre eux ont développé à la même époque un dispositif d'analyse économique interindustrielle, à savoir Marschak, Frisch, et Leontief, dans une perspective plus ou moins assumée d'équilibre général. Nous décomposons alors ce dispositif en trois éléments: le Tableau-modèle, le Tableau-matrice, enfin, le Tableau-compte. De trois dispositifs, celui de Marschak, de Frisch et de Leontief, embryonnaires dans les années 1930-1934, seul celui de Leontief passera à la postérité.English abstract: Despite his notorious contempt for statistics and empirical verification, Léon Walras happened to be the hero of the Société d'Économetrie in the 1930s. Thus, in 1931, in homage to Walras, the first European conference of the Econometric Society was held at the University of Lausanne where Walras had held the chair of political economy. Attendants were notably Ragnar Frisch (master of ceremonies), Jacob Marschak, René Roy, Piero Sraffa and Jan Tinbergen –Joseph A. Schumpeter was unable to make the trip. During this conference, the wish was expressed that the office of the Econometric Society organized the celebration of the centenary of the birth of Walras, in 1934. Without doubt this is the irony of history that those whose epistemology, far from picking up on Walras' 'positive utopias', saw him as the first of the econometricians, that is to say the father of some neo-positivist mathematical-statistical economics. We examine how among the founders of the Econometric Society and its first contributors, three of them developed at the same time a device for interindustrial economic analysis, namely Marschak, Frisch, and Leontief, in a more or less explicit general equilibrium perspective. We then break down this device into three elements: the Tableau-Model, the Tableau-Matrix, and finally, the Tableau-Balance-sheet. Of the three devices, that of Marschak, Frisch and Leontief, embryonic in the years 1930-1934, only that of Leontief will pass to posterity
