Les relations siège-filiales ont évolué d’une vision hiérarchique de la firme multinationale (FMN) à une approche en réseau (Malnight, 1996 ; Birkinshaw et Hood, 1998a ; O'Donnell, 2000 ; Birkinshaw, 2001 ; Paterson et Brock, 2002). Dans les modèles en réseau, la FMN est représentée comme un réseau de relations intra-firme, diverses et différenciées. Ces conceptualisations incluent la transnationale (Bartlett et Ghoshal, 1991), la hétérarchie (Hedlund, 1986 ; 1994) et la métanationale (Doz, Santos et Williamson, 2001), qui se situent toutes dans la continuité de l’entreprise géocentrique (Perlmutter, 1969 ; Heenan et Perlmutter, 1979). Toutes ces approches en réseau ont des spécificités qui les distinguent les unes des autres. Cependant, elles sont toutes caractérisées par de hauts niveaux d’intégration globale et de réactivité locale (selon la dialectique intégration globale/réactivité locale (Prahalad et Doz, 1987)). Notre recherche a pour objectif d’éprouver la conceptualisation des relations siège-filiales comme modèles en réseau. Dans quelle mesure les FMN tendent-elles vers les modèles en réseau ? Nous questionnons tout particulièrement les relations entre le développement des modèles en réseau et deux caractéristiques : la mise en place d’une différenciation interne et l’utilisation de mécanismes de coordination et de contrôle spécifiques. De plus, nous cherchons à appréhender le degré d’homogénéité au sein de ces modèles. Pour répondre à ces questions, notre recherche se base sur l’étude de cas de deux FMN à travers une méthodologie qualitative. Des entretiens ont été menés auprès de responsables de siège et de filiales internationales pour chacune de ces FMN. Nos résultats soulignent le développement des modèles en réseau (par opposition aux modèles centralisés et décentralisés) et la diversité au sein de ces modèles. Les deux FMN étudiées tendent vers ces modèles à travers une double prise en compte des tensions globales et locales (du fait de l’existence de clients locaux et globaux) et à travers l’utilisation du contrôle par la socialisation et les réseaux (associé à un contrôle par les résultats). Cependant, les relations entre les filiales sont peu développées dans les deux FMN, ce qui diffère des caractéristiques des conceptualisations en réseau. De plus, la première FMN a des relations uniformes avec ses filiales, contrairement au second groupe qui a des liens différenciés. La place de la stratégie varie également selon les groupes. Enfin, les différences entre les deux FMN remettent en question l’homogénéité au sein des modèles en réseau.